Il y a quelques années j’avais remise à sa place une mère canadienne qui chouinait qu’on devrait tous la payer parce qu’elle s’était reproduite (niveau de connerie toujours inégalé). Franchement je devrais retrouver mon article tellement j’en étais fière, ou son pamphlet pour rigoler. Nevermind. Dans la lignée de ce truc que j’ai trouvé fucked up pour 1000 raisons si ce n’est plus, j’ai envie de me pencher sur tout cet engouement autour de la reproduction.
La maternité est un-vrai-putain-de-sujet…
… Et je ne comprends toujours pas pourquoi.
Se reproduire ou ne pas se reproduire, telle est cette décision toute personnelle, on le rappelle, mais où tout le monde voudra fourrer son nez. C’est un peu fatigant tout ça. En tant que femme l’utilisation de mon vagin est déjà soumise à un contrôle sociétal – vain lol – sous forme de jugement et ce que je décide de faire avec mon utérus aussi. Je ne me ferai pas l’affront, même pour la forme, de me demander une énième fois ce que les gens ont à foutre dans leur vie car on sait bien que rien. Et je ne parle pas spécialement des hommes ici, non, les meufs quand il s’agit de cul et dérivés, sont les pires vipères.
Aujourd’hui, si vouloir des enfants est quelque chose de parfaitement “normal” voire logique (…), une femme qui n’en veut pas est textuellement considérée comme une anormalité. Y a qu’à voir ce qu’on entend des gens qui ont des enfants. Les “tu vas voir ça va venir”, “ah mais tu n’as pas trouvé le bon”, “tu n’es pas normale”, “une vraie femme veut des enfants” avec des variantes du type “quand est-ce que tu t’y mets? Tu rajeunis pas”.
La brutalité de ces propos me fait moins sourciller que le reste, notamment le manque de connaissances sur la question et le côté condescendant.
Depuis le temps y a pas mal d’études qui se sont penchées sur la question de la fameuse fibre maternelle, ou le fameux dont inné des femmes qui seraient “toutes des mères-nées”. Et bien ça n’existe pas. Certains se sont même risqués à dire que c’était un argument inventé par Bledina pour vendre des petits pots au siècle dernier, ce qui ne m’étonnerait pas. Après tout Kellogg’s nous vend bien que le petit déjeuner et le repas le plus important de la journée, pour refourguer des céréales. Et ça à l’air de marcher.
Je pense que si désir d’enfant il y a, il se manifeste très tôt sous des formes variables et souvent bien avant l’age de la maturité sexuelle. Et il aboutira quand la personne se sentira prête. Mais je suis aussi convaincue que quelqu’un qui n’en veut pas ne sera pas pour autant victime d’un œdipe foiré, d’une haine envers ses parents ou encore le jouet d’une horloge biologique fantasmée à laquelle il serait impossible de résister. Oui parce que la femme à la maternité dans ses gênes – une croyance populaire de plus – donc tôt ou tard elle ne pourra aller contre une folle envie de pondre. Effectivement notre corps à la possibilité de porter des enfants, mais aujourd’hui, on en fait globalement ce qu’on veut.
Je n’apprécie guère qu’on réduise la femme à une écervelée esclave de pulsions dont l’existence des mécanismes est discutable. Envie d’enfant ou pas, ne nions pas le fait que ce peut être un choix réfléchi aussi.
Quant au fait qu’on “ait pas trouvé le bon” moi ça me donne envie de couper des têtes, tout simplement. Premièrement je ne vois pas ce qu’une personne extérieure à mon couple se permet de juger. Ensuite quoi? Un mec, même le mien, aurait cette capacité d’éveiller en moi des envies de renoncer à mes projets de vie? Non Marie-Thérèse, ce n’est jamais arrivé. Si nos projets ne sont pas en accord, et bien on s’arrête là, c’est que ce n’est pas le bon. Je ne vais pas plus contraindre quelqu’un à renoncer à son désir d’enfant que me contraindre à en faire un.
Et puis bon même si le sujet est un peu épineux, c’est quoi cette idée de trouver le bon? Parce que quand je vois le nombre de mères célibataires, je crois que “le bon” est une donnée aussi hasardeuse que le reste.
Quant au fait qu’on soit une femme “normale” ou une “vraie” femme parce qu’on veut des enfants, je me sens limite obligée de rebondir là dessus au moins parce que beaucoup de théories psy en attestent. Tout n’est pas bon à jeter dans tous ce qui a été observé et réfléchi, mais parfois on est sur des idées qui ont vieilli. Je l’ai dit pour Freud et je me sens légitime de le dire pour d’autres: c’était des personnes de leur temps, la société a évolué, la place et le rôle de la femme ont évolué avec, et certains concepts sont désuets depuis longtemps. En tant que psy, si je ne devais appréhender les femmes qu’au travers de ces prismes, je serais complètement hors-sujet.
Je passe aussi sur tous les arguments pourris du genre que franchement c’est honteux de pas vouloir d’enfant alors qu’il y a des femmes qui ne peuvent pas en avoir etc. Ma fertilité n’a jamais eu d’incidence sur celle des autres femmes MAIS! Ça m’a donné une idée quand j’en avais vraiment plein le derche de justifier mes choix: quand on me demandait pourquoi je n’avais pas d’enfant je répondais que j’étais stérile. Ça met grave l’ambiance dans les diners et ça apprend aux indélicats à se mêler de leur cul.
Après on allait pas terminer sans les psys de comptoir, qui sont partout.
Il parait que les gens qui ne veulent pas d’enfants n’ont pas été aimés dans leur enfance, donc ils n’ont pas d’amour à transmettre, soit le pet mental hebdomadaire de Nadine. Ça me fait lourdement rire pour deux raisons. La première est que les gens s’offusquent en ignares sur la théorie sexuelle de Freud mais qu’ils en sortent [fort mal] l’essence quand ça les arrange. Et la seconde c’est que putain mais ça sort d’où? Je sais bien que la plupart des principes en psychologie/psychanalyse sont tellement incompris par la plupart des gens qu’ils ont l’impression que ça sort du chapeau et que par extension tout est admissible mais QUAND-MÊME UN PEU DE TENUE. Pour terminer, je n’ai jamais manqué d’amour quand j’étais enfant, j’ai même été très entourée. Encore une fois, d’où ça sort?
Et puis quand on ne veut pas d’enfant, c’est qu’on les déteste. Perso, je n’ai jamais ressenti et ne ressens toujours pas le besoin d’en avoir, ma vie telle qu’elle est me convient très bien. Pourtant, j’aime bien les gosses, j’aime passer du temps avec ceux de mes amis – moins quand ils me refilent leurs microbes lol – , et je trouve très rafraichissant de travailler avec eux quand l’occasion m’est donnée. Donc encore une fois, ça n’a rien à voir, mais merci beaucoup d’être passée Nadine.
Quant à la question de l’égoïsme, point que j’ai rapidement abordé au début, ce n’est pas parce qu’on choisit de s’occuper de ses enfants qu’on fait que ça fait de nous des saints. Non parce que c’est pas comme si la cigogne vous posait le colis dans le jardin et que vous n’aviez pas le choix ou que c’était pas le rôle des parents de s’occuper de leurs gamins, on est bien d’accord.
Entre ceux qui font des enfants parce qu’ils en veulent (la base), ceux qui les font pour laisser une trace de leur patrimoine génétique (très important 😀 ), les autres parce qu’ils ont peur de se retrouver seuls quand ils seront vieux, ceux qui veulent un abattement d’impôts ou encore des allocs, et puis encore ceux qui pensent qu’ils auront enfin quelqu’un qui les aimera inconditionnellement… Je me répète mais toutes ces raisons – que je cite car je les ai entendues -, bonnes ou mauvaises on s’en fout, sont égoïstes car elles ne viennent pas de l’extérieur.
J’ai comme l’impression que beaucoup sont encore bloqués sur l’idée d’un champ pulsionnel qui a notre époque ne peut plus être considéré comme paramètre unique dans la reproduction humaine et que c’est une des raisons qui leur fait dire beaucoup de merdes. Ça plus le grand classique besoin de validation extérieure qui poussent les plus limités à dénigrer ceux qui ne sont/pensent pas comme eux pour soigner leurs insécurités.
Pourtant, les choses sont très simples, vouloir des enfants ou pas ne regarde personne d’autre que vous, et ce n’est fondamentalement pas un jugement indirect envers celles et ceux qui ne sont pas du même avis. D’ailleurs si vous voulez en avoir faites-en, autrement votre existence va manquer de sens. Même chose pour les autres, n’en faites pas ou votre vie va devenir un enfer. Tout ça ne mérite aucun débat. Et comme de faire des gosses pour certains n’a pas d’impact majeur sur ceux qui n’en veulent pas et vice versa, et bien j’en déduis que rien ne nous empêche de vivre ensemble.
Blogueuse [qui pique] depuis l’an de grâce 2000, j’ai à cœur de râler très régulièrement afin de me préserver d’une éventuelle ulcération gastrique.
Photographe professionnelle, geek convaincue, clubbeuse invétérée… Et plus du tout végétarienne. Antithéiste et antipolitique (bien qu’il m’arrive de m’égarer), j’aime quand-même squatter les églises quand j’en ai marre des gens et voter des feuilles de PQ, mais pas les deux en même temps ça ferait désordre. N’ayant rien à dire de plus que ce que vous pensez déjà savoir, n’oubliez pas de fermer la porte en sortant, merci!