On entend toujours un peu les mêmes choses sur les films d’horreur, plus largement les films qui contiennent de la violence en général d’ailleurs, et par extension certains jeux vidéos même si c’est pas le sujet aujourd’hui. Si on écoute certains, il suffit de laisser des enfants devant des films violents pour qu’ils le deviennent eux-mêmes et ne sachent plus faire la différence entre le bien et le mal. Ce serait si simple si c’était si simple n’est ce pas.
Je suis une énorme consommatrice de films/livres d’horreur. Vraiment. J’irais pas jusqu’à dire que je les ai tous vus mais je crois qu’on en est quand-même pas loin. J’adore explorer le genre et je suis en perpétuelle recherche d’une perle. Que parfois je trouve et pas forcément dans les grosses prod’. J’en regarde/lis depuis l’age de 7/8 ans, ce qui concrètement peut-être considéré comme beaucoup trop jeune. Idem pour mon cousin, d’ailleurs, on a commencé ensemble.
Bien-sur je ne doute pas que ma famille risque d’être durement jugée après ce que je viens de dire. C’est vrai! Quel scandale! Comment des enfants de 7 ans pouvaient posséder des films de ce genre [sans internet]? Et bien grâce au père de mon cousin mais je vous avouerais que je ne sais pas ou plus, comment ce dernier avait connu Freddy Krueger pour les lui réclamer. Toujours est-il que, Vendredi 13, tous les Freddy disponibles à l’époque, les dents de la mer et Batman dans un autre registre, c’était clairement notre came du mercredi après le catéchisme. Ni lui ni moi n’avons viré psychopathes ou violents. Et j’ai une petite idée du pourquoi.
Déjà, est-ce une bonne idée de mettre des enfants si jeunes devant des films d’horreur? Au cas où le chiard soit bancal et qu’on l’ignore j’ai envie de dire que non. Mais si tout va bien ça devrait bien se passer, à condition bien sûr qu’il ait reçu un cadre adapté.
Avant que je ne regarde mon premier film d’horreur, QueenMum m’avait expliquée ce que c’était très simplement: c’est des films pour se faire peur, ça n’existe pas. Si tu fais des cauchemars tu t’en débrouilles par contre t’auras plus le droit d’en regarder. Est-ce qu’il m’est arrivée de cauchemarder? Une fois. Est-ce que ça m’a effrayée? Non puisque ça n’existait pas. Si jeune et déjà accro à l’adrénaline (et non ça ne provoque pas de conduites à risque chez moi je vous vois venir 😉 ).
Est-ce que j’aurais pu être traumatisée? Étant donné que j’étais une gosse neurotypique, qu’on m’avait dit que ça n’existait pas, que mon cadre éducatif était bien posé et que mes figures d’autorité étaient crédibles: non. Pas plus que ça ne m’a donnée envie d’aller découper des gens dans les bois.
Mon premier vrai trauma – et ceci est un abus de langage – dû à un film d’horreur eut lieu bien plus tard. A douze ans il me semble, quand ma meilleure amie s’est dit que ce serait une super idée de regarder l’exorciste, seules le soir alors que QueenMum était en déplacement. Pire idée de merde du monde. Alors quelle mère indigne laisse sa fille de 12 ans seule un week-end ? Et bien une mère indigne qui a convenablement élevée sa fille pour qu’elle sache fermer une porte à clé et qu’elle ne foute pas le feu, voilà. Ça s’est bien passé.
Je vous l’accorde, l’exorciste a super mal vieilli et bien qu’il reste un classique, il ne fait plus peur à personne depuis des années, pas même à moi. Mais quand t’as douze ans et que t’es catho car oui, ça m’est arrivée, que bien-sûr t’es dans la phase conne de l’adolescence où tu fais du spiritisme avec les potes, regarder Regan vomir sur un curé et grogner comme un porcelet peut te laisser quelques séquelles sur une bonne partie de ta vie même avec toutes les bonnes raisons de rationaliser.
Aujourd’hui tout va bien, mais ça m’a vraiment poursuivi une bonne décennie. Tout le monde savait que j’avais une trouille incontrôlable “de Regan” entre guillemets, puisque si sur l’instant j’ai clairement été terrifiée par cette pute, ça a évolué en peur de la peur. J’avais peur de réactiver la terreur que j’avais ressenti sur l’instant du coup hors de question que je vois la tronche de Regan et bien évidemment, j’ai croisé des images de cette meuf dans des endroits absolument improbables, comme par exemple, en plein teknival sur un écran géant (BIENG).
La peur de Regan, ne m’a pas empêchée de continuer à regarder des films d’horreur, simplement je ne regardais pas – ou avec beaucoup de mal – des trucs avec des exorcismes, pas même des émissions sur le sujet. Aujourd’hui les films de possessions démoniaques engageant des croyances que je n’ai pas: ils m’ennuient. Fin de l’histoire.
Le seul effet secondaire de cette intense consommation de films d’horreur, est que je suis désensibilisée. Honnêtement, ça m’embête. Les films d’horreur sont mes comfort movies par excellence, j’en regarde pour me détendre et même pour m’endormir mais à part me faire sursauter de temps en temps: rien.
Quoiqu’il en soit, même si je persiste à penser qu’il faille une souche (génétique ou psychiatrique) et un contexte (éducatif, culturel ou familial) pour devenir violent et que les films d’horreur sont très anecdotiques quant à une potentielle évolution dans la violence d’un individu… Ceux dont la frontière entre fiction et réalité est trop mince sont à éviter pour les gamins. Notamment les films qui représentent les plus sombres des comportements humains.
Expliquer qu’un monstre ou qu’un zombie n’existe pas est relativement simple, par contre remettre en doute l’existence d’un sadique ou plus largement d’un malade mental, beaucoup moins. D’autant plus que chez les gosses aujourd’hui les nouvelles et autres informations vont vite… Et parfois mal. Et là c’est vraiment limite.
Quand on m’a expliqué que ça n’existait pas, Freddy n’existait pas plus que la violence dont il était l’auteur, et si je n’ai été ni choquée ni inspirée par les films d’horreurs durant toute mon existence, je suis d’autant plus choquée de voir des atrocités aux informations. Alors m’imaginer moi, faire ce genre de trucs, c’est impossible… Pourtant y en a qui mériteraient…
En tant qu’humains nous sommes tous capables d’agressivité et de violence, mais je persiste: il n’y aura toujours que la souche et le contexte qui fera que ça partira en couille.
Blogueuse [qui pique] depuis l’an de grâce 2000, j’ai à cœur de râler très régulièrement afin de me préserver d’une éventuelle ulcération gastrique.
Photographe professionnelle, geek convaincue, clubbeuse invétérée… Et plus du tout végétarienne. Antithéiste et antipolitique (bien qu’il m’arrive de m’égarer), j’aime quand-même squatter les églises quand j’en ai marre des gens et voter des feuilles de PQ, mais pas les deux en même temps ça ferait désordre. N’ayant rien à dire de plus que ce que vous pensez déjà savoir, n’oubliez pas de fermer la porte en sortant, merci!